Une nouvelle norme Afnor pour les claviers français

Afnor, l’’Association française de normalisation vient de publier les spécifications de claviers informatiques facilitant l’écriture du français. Bien qu’il soit très répandu, le clavier Azerty que nous utilisons tous n’est pas idéal pour écrire correctement en français. Ainsi, il n’est pas pratique pour taper des majuscules accentuées ou utiliser des caractères particuliers comme les ligatures – le e dans l’o de œuf, par exemple. Il n’est pas non plus idéal pour saisir les symboles couramment employés en informatique, contrairement aux modèles QWERTY utilisés par les Anglo-Saxons. Et il en va de même pour les langues régionales comme le corse, le breton ou l’occitan, et pour d’autres langages européens qui ont besoin de caractères spéciaux – le point médian, le tilde, l’eszett, le point d’exclamation inversé, etc.

Autant d”inconvénients qui engendrent un inconfort mais également des fautes d’orthographe. Ce constat a amené en 2015 la délégation générale à la langue française et aux langues de France – qui dépend du ministère de la Culture – à demander à l’Association française de normalisation (Afnor) à définir, avec les parties prenantes, de nouvelles dispositions de clavier plus ergonomiques pour les langues latines. Après plus de trois ans de travail et une enquête publique qui a recueilli des milliers de commentaires, l’Afnor vient de publier le résultat de ce projet collectif dans une norme poétiquement baptisée NF Z71-300 qui propose deux versions de clavier offrant les mêmes possibilités d’écriture, mais orientés vers des publics et des usages différents.

Azerty

La première est un clavier Azerty optimisé. Les 26 lettres de l’alphabet et les chiffres ne changent pas de place, alors que certains caractères et symboles – les voyelles accentuées, l’arobase, la ponctuation, le dièse (hashtag), les symboles monétaires, les accolades, etc. – ont été déplacés pour être plus facilement accessibles. On y trouve même les vraies guillemets typographiques, absentes des claviers classiques, tout comme le vrais points de suspension. De quoi assurer une transition plus facile.

Bépo

Le second modèle est de type Bépo : une disposition déjà couramment utilisé au sein d‘une communauté d’experts. Si elle nécessite un apprentissage, du fait que les lettres de l’alphabet sont placées différemment, elle est reconnue comme la plus ergonomique et la plus efficace pour la saisie du français et d’autres langues à alphabet latin, mais aussi pour la programmation, grâce à l’implantation optimisée des symboles employés pour le codage et l’usage de touches “mortes” – qui facilitent les combinaisons de touches. En outre, elle limite les fautes de frappe en favorisant les lettres les plus fréquemment employées en français par rapport au clavier Azerty, dont la disposition est surtout due à des considérations mécaniques héritées du temps des machines à écrire, quand les “leviers” s’entremêlaient.

Bien entendu, il ne s’agit que de propositions et rien ne dit que ces nouveaux claviers soient adoptés par les fabricants de matériel informatique, la plupart préférant se contenter de solutions classiques, sans se poser de question. Mais le travail de l’Afnor, qui s’inscrit dans une démarche normative volontaire, est à saluer car il participe à l’amélioration de notre quotidien – quel bonheur de trouver facilement les caractères et symboles dont on a besoin ! Et qui sait, peut-être que certains constructeurs y verront le moyen de se distinguer de leurs concurrents en fournissant d’emblée des ordinateurs équipés de claviers optimisés pour le français. Sans parler du fait que ces nouvelles dispositions sont très simples à adapter aux claviers virtuels des smartphones et tablettes sous Android ou iOS

Illustrations : © PXhere – Afnor

Source : comment ça marche